23 octobre 2008 – 23 octobre 2018 : il y a 10 ans, Hoigen Ekwalla quittait ce monde
Le 31 décembre 1990, sur plateau de télévision de la chaîne nationale camerounaise, des artistes défilent. Jusqu’à l’arrivée d’un homme. Pantalon lin blanc, dont les plis bougent au rythme du Makossa, une paire de lunette noire, même couleur que la chemise, l’homme répète de sa voix suave “ femmes il faut supporter, c’est le mariage ” des applaudissements crépitent.
Dans une famille ou on regarde le spectacle, la mère s’écrie :
“ Cet homme est beau, il sait parler aux femmes ” le père fulmine, se saisit de la zapette et change de programme. “ Tu iras donc le trouver ”, lance-t-il, pince sans rire. Mais il revient juste après a de bons sentiments, le makossa inonde alors la salle de séjour. Hoigen Ekwalla a réussi une fois de plus à séduire les mélomanes.
Des anecdotes comme celles-ci fusent de partout, depuis l’annonce du décès de l’artiste, jeudi. A 49 ans, il s’est éteint à l’hôpital Laquintinie de Douala, “ après quelques jours seulement de maladie ” murmure Nyango,la nièce qui partageait avec lui la maison familiale, à Deido, depuis 2001. “ Mon oncle était très introverti, timide à la limite ”, témoigne-t-elle. Mêmes mots chez Ndemba Tanga, l’homme qui a produit le 2ième album de l’artiste. “ Il est venu me trouver à Paris vers 1980, il était très travailleur et je l’ai appuyé ”, raconte l’homme amaigri, les yeux fixant un point invisible à l’horizon.
Hoigen Ekwalla, de son vrai nom Ekwalla Mpouli Eugène, est orphelin de père dès l’age de 5 ans. Encadré par sa mère et sa sœur aînée, le jeune homme dès l’adolescence est porté vers la mécanique. Il l’apprendra au collège de la salle à Douala. “ Dans un de ses clips, il dépanne une voiture, il ne fait pas semblant. C’était son premier métier ”, explique un membre de la famille explorée.
Mordu de musique, Hoigen se lie d’amitié avec Djene Djento. Ensemble, ils écument les cabarets de la ville. “ Le grand frère Kotti François lui permet de chanter pour la première fois dans un groupe. Très doué à la guitare, il s’envole pour paris a la fin de 1980 pour son 1er album ”, raconte Djene. Jean Louis Mpouli Ekwalla, le fils de Hoigen, réécoute sans cesse les chansons de son père depuis son décès. “ C’est de moi qu’il parle dans la chanson Mimi, ça force c’était sa guitare, mon père jouait toutes ses guitares dans ses chansons. Il allait en studio avec elle. Il me l’a ramenée lors d’un de ses séjours. Je la partageais avec lui. Je suis obligé de prendre le relais ” Pas de pleurs, juste une douceur à l’évocation des souvenirs.
Hoigen Ekwalla a passé ses deux dernières années à mimer de nouvelles chansons. “ Il les a même enregistrés, mais il était découragé par la piraterie ”, explique celui qu’on appelle à Deido “ dans la joie ”, du nom d’un album de son père qui a beaucoup marché. Djene D ajoute qu’ “ ils devaient se rendre tous les deux en février 2009 à Paris pour la sortie de cet album ”.
Hoigen Ekwalla laisse une mère inconsolable et une sœur aînée. Elles répètent, entre deux larmes, que la vie n’est pas comme ça… “ Longue di titi nika ”
Source : Carole Yemelong, Octobre 2008.