Je me suis amusé à aller réécouter les éditions des journaux télévisés des principales chaines TV du jour de l’annonce du décès d’Aloa Javis ; aucun de ces médias n’a évoqué la mort d’Aloa Javis (CRTV, Equinoxe TV, Canal 2, STV2). Même par paresse, ils n’ont pas jugé digne de lancer une phrase lapidaire du genre : « Aloa Javis est mort ! ». Rien ! Nada !
C’est comme si en France, on annonce la mort de Michel Polnareff et aucun grand média français n’en parle dans son journal. Franchement, il n’y a pas que la politique et le corona virus dans la vie, il y a aussi la culture. Honorons aussi la mémoire de ceux qui ont vécu. Il est inadmissible que la mort d’une Icône de la trempe d’Aloa Javis ne soit même pas évoqué en sous-titre des journaux au Cameroun.
Comme le bouc émissaire des Camerounais c’est souvent « Paul Biya » ; est-ce que c’est Paul Biya qui nous empêche de rendre hommage à nos icônes ?
Les Camerounais ne mesurent pas la grosse perte que représente la mort Aloa Javis ; c’était la dernière grosse pointure vivante du Bikutsi Originel. Un géant. Un artiste qui a considérablement marqué son époque et fait danser des millions des Camerounais.
Il est certes mort dans le dénuement total mais est-ce pour autant qu’on ne doit pas honorer sa mémoire comme cela se fait ailleurs ?
Aloa Javis s’est illustré à ses débuts dans les musiques patrimoniales et le merengue ; ce n’est que par la suite qu’il fera du Bikutsi à proprement parlé. Artiste, très ouvert il s’est essayé à plusieurs rythmes camerounais et africains : Makossa, Assiko, Elak, Merengué, Soukouss, Rumba Congolaise etc.
Il fait partie avec Messi Martin, de ceux-là qui ont donné une certaine consistance au bikutsi. Il y a introduit notamment le tam-tam d’appel traditionnel (‘’Nkul’’).
Très peu de personnes le savent mais le titre à succès « Elig Effa » de Messi Martin est en réalité une reprise d’une composition d’Aloa Javis ; il s’agit de sa première parution “Les affaires du quartier” qui fuit un échec cuisant.
Source: Arol KETCH – 15.05.2020