C’est l’histoire de l’un des plus grands gâchis de la musique camerounaise. Ceux qui l’ont connu à ses débuts en pleurent encore plusieurs décennies plus tard tellement il était doué. Il est prédestiné à un brillant avenir sur le plan musical mais les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs.
Le “jeune premier de la chanson Camerounaise” , c’est ainsi que le quotidien Cameroon tribune le baptise après la sortie de son premier 33 tours courant mai 1987.
Pour un coup d’essai, c’est un véritable coup de maître.
Les spectateurs de la célèbre émission “Télépodiuim” animé par Elvis Kemayo vont très tôt découvrir un jeune artiste d’à peine 18 ans à l’allure longiligne, timide et très réservé. Sa prestation restera à jamais dans les annales de la télévision camerounaise. Tout timide et ému , il affirmait alors tout confus : « Vraiment monsieur Touré, je ne sais pas…»; le jeune artiste exprimait là sa reconnaissance à Aladji Touré qui fait partie de ceux qui ont cru en lui.
Il lui avait alors tout simplement manqué des mots pour remercier Touré de ce qu’il avait fait pour lui. Le jeune garçon n’avait jamais imaginé qu’il passera un jour à la télévision en vedette.
Il est aussitôt adopté par le public. L’album “Doudou” va connaître un véritable succès.
Nsolo Paul voit le jour en 1969 à Yabassi dans le Nkam. Il perd très tôt son musicien de père. Nsolo Paul grandit dans un environnement où la musique est reine.
En ce milieu des années 80 (août 86), la musique camerounaise perd l’une de ses valeurs montantes, une véritable pépite en la personne de Bebey Black. Chanteur de Makossa très prometteur, Bebey Black perdit. brutalement la vie lors d’un accident de la circulation survenue sur l’axe lourd Douala-Nkongsamba alors qu’il revenait de chez sa fiancée. Sa mort a d’ailleurs suscité plusieurs RUMEURS : « On n’aurait pas retrouvé la tête du chanteur », « il aurait été tué par une mami watta ». Jacky Toto, patron de GME prod et producteur de Bebey Black accuse le coup.
Il vient de perdre l’élément majeur de sa maison de production. Plusieurs veillées musicales sont organisées en hommage à Bebey Black. Lors d’une de ces veillées ont jeune garçon d’à peine 17 ans va séduire et conquérir tous les coeurs. Ce soir là, tout le gratin du Makossa est présent. Nsolo Paul va aussitôt taper à l’oeil de Jacky Toto qui voit en lui un potentiel remplaçant du défunt Bebey Black.
Jacky Toto approche le jeune garçon et découvre un jeune plutôt ambitieux qui a déjà une maquette à forte consonance Makossa et Soukouss. La maquette a été réalisée avec les moyens de bord. A la première écoute, Jacky Toto est conquis. il décide de miser sur ce jeune premier qui n’est même pas encore majeur. Jacky Toto le fait monter à Paris pour qu’il enregistre dans un studio de qualité avec ce qu’on appelait à l’époque l’équipe nationale du Makossa.
C’est à Aladji Touré et à Marcel Tjahé que reviennent la lourde responsabilité d’encadrer ce jeune loup aux dents bien longues le temps de cet enregistrement. C’est cet album qui confirmera Aladji Touré comme arrangeur ouvert et dénicheur de talents. Le succès est au rendez-vous et on ne parle plus que du jeune Solo Muna et ses titres phares : “ma doudou”, “Betemedi Ba Longue”, “ je vais me remarier”, “tiata”, “rumba mama”.
Après la sortie de cet album, l’artiste Guy Lobé est invité de l’émission dominicale “Tam-tam week-end”. On lui pose la question de savoir ce qu’il pense du jeune Solo Muna. Guy Lobé répond que “il est encore jeune, il a connu un succès avec son premier album et on entend à présent la confirmation”.
Lorsqu’on va rapporter à Solo Muna les dires de son aîné Guy Lobé, Solo décide de sortir un album qu’il baptise “confirmation” pour montrer que son premier succès n’était pas le fruit du hasard. L’album “confirmation” lui aussi produit par GME et arrangé par le bassiste Aladji Touré paraît en 1988 et connaît le succès.
En 1989, paraît l’album “femme fragile”, l’album est cette fois-ci produit « Energy Prod » de Ngassa Rose et arrangée par Toto Guillaume. Cet album ne va pas connaître le succès des deux précédents albums.
Après la parution de cet album, Solo Muna quitte le Cameroun pour la France. C’est le début de la descente aux enfers. Il va connaître une série de déboires du fait de son jeune âge, de son inexpérience. Très mal encadré et en partie livré à lui même, il se laisse aller et tue peu à peu son génie au point de devenir l’ombre de lui même.
Il va disparaître de la scène musicale progressivement. En 1995, il resurgit sur la scène musicale avec l’album “le démarreur” , en 2000 paraît l’album “Makossa Soukissa” et enfin il met sur le marché un album intitulé “Paris”.
La vie en France n’a pas été facile pour Solo Muna; il a connu plusieurs moments difficiles, des soucis de santé et difficultés sur le plan financier. Il sera secoué pendant plusieurs années par une violente dépression.
Solo Muna a été une référence et a inspiré plusieurs jeunes artistes camerounais. A titre d’exemple, lorsqu’il évoluait dans les cabarets, l’artiste Longué Longué s’était fait un spécialiste des reprises des chansons à succès de Solo Muna. Son rêve le plus cher était de rencontrer Solo Muna. Il va réaliser son rêve et va même dormir dans le même lit que son idole. Ayant eu vent des difficultés rencontrés par son artiste préféré, Longuè Longuè le va se battre pour le réintroduire dans les studios afin de le faire revivre.
Alors quelle est votre chanson préférée de Solo Muna ?
Quels souvenirs et anecdotes gardez-vous de lui ?
Son histoire dans le tome 2 des icônes de la musique Camerounaise.
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Source: Arol kETCH- 17.03.2022