Il est certainement l’une des dernières grandes icônes vivantes de la musique camerounaise. Son œuvre est immense et plurielle.
Il est la dernière personne qu’on peut accuser de tribalisme ou communautariste dans ce pays. Il est l’artiste camerounais qui a le plus dénoncé ces tares.
En effet, André Marie Tala a toujours été animé par l’unité nationale, le vivre ensemble. Il a fait de la lutte contre le tribalisme son cheval de bataille. Et tout cela, il l’a exprimé en chansons.
Symbole de l’intégration nationale, il a chanté en plusieurs langues du Cameroun et s’est intéressé aux principaux rythmes du Cameroun.
La chanson « Namala Ebolo » qu’il a enregistrée en 1972 est chantée en 4 langues. C’est une chanson qui magnifie les vertus du travail. En utilisant plusieurs langues du Cameroun, André Marie Tala veut toucher tous les camerounais et les inviter à accorder beaucoup d’importance au travail. Il tient à ce que son message soit compris de tous les camerounais : “ Que nul ne badine avec son travail. Le travail passe avant tout”.
Chantre du vivre ensemble, André Marie Tala a toujours dénoncé le tribalisme à travers ses chansons. Pour lui, nous devons éviter de placer les barrières entre nous parce que nous sommes les enfants d’une même nation. Il exprime ceci très clairement dans son titre “bogne” paru en 1984. Il y dit notamment : “ N’éprouves-tu pas de la honte mon frère, lorsque tu traites ton semblable : de beti, de haoussa, de douala, de bamiléké ? En quoi penses-tu être différent de lui ? haïr son semblable c’est se haïr ”. André Marie Tala appelle ici à l’intégration nationale sur la base du respect mutuel des différentes ethnies du Cameroun afin que nous puissions vivre tous ensemble dans la paix, l’amour et la prospérité.
André-Marie Tala est surtout un pionnier ouvert à plusieurs tendances musicales. Il a embrassé plusieurs rythmes camerounais.
Dès 1976, il compose un Bikutsi sous le titre : « Gueping » à l’époque où le Bikutsi était encore à ses prémices. Il a été l’un des premiers à composer une chanson moderne en langue Bamoun (Odoya) et une chanson en fufuldé (Hokam Tchedé) . Il est le père du « Tchamassi » qui est une modernisation de rythmes traditionnels de l’Ouest du Cameroun.
A partir des années 1990, il fait du Bend Skin son rythme de prédilection. En 1993, il sort « Bend Skin », suivi de « Koungne » en 1999.
Dans l’album « Amour et Intégration » paru en 1998, on trouve le titre “Pakoungne”. Une chanson qui s’adresse aux Camerounais en les incitant à s’aimer afin d’acquérir de la force pour pouvoir développer le pays tous ensemble. “Pakoungne” est aussi une incitation au panafricanisme. Dans cet album se trouve aussi la chanson « Condamnés à vivre ensemble » qui s’inscrit dans la même thématique en prônant l’amour et l’union en tant que forces pour s’élever tous ensemble. Il dit clairement que le tribalisme constitue un frein pour notre société et nous invite à éviter d’attiser des tensions entre les tribus car personne n’a choisi sa tribu : “ Nourrissons cette richesse qu’est l’unité….Je n’ai pas choisi de naître au SUD, Condamnés à vivre ensemble. Tu n’as pas choisi de naître à l’EST , Condamnés à vivre ensemble. Il n’a pas choisi de naître au NORD, Condamnés à vivre ensemble. Je n’ai pas choisi de naître à l’OUEST, Condamnés à vivre ensemble”.
Son titre “ Donnons-nous la main” appelle les camerounais à demeurer unis et solidaires. L’ethnie, les tendances politiques, les différences linguistiques, les croyances religieuses ne doivent pas constituer un frein et ne doivent pas entamer l’unité nationale et le vivre ensemble.
En 2014, André Marie Tala a honoré l’artiste Bikutsi Coco Argentée par sa présence sur une chanson qui a été finalement baptisée “BIKUT SKIN”. Un titre qui se veut l’expression de l’intégration nationale en mêlant avec brio deux rythmes du Cameroun. Preuve encore s’il en fallait que nous sommes tous les fils d’une même nation et sommes condamnés à vivre tous ensemble.
Arol KETCH – 14.09.2022