Il fait partie de ces hommes de l’ombre à qui nous devons tout. Ces hommes qui dans l’ombre abattent un travail phénoménal, un travail existentiel pour l’Histoire, la mémoire, la documentation et l’archivage. C’est à Bill Akwa Bétoté que nous devons la majorité des photos des artistes camerounais réalisées sur la place parisienne. Bill Akwa Bétoté était surtout un passionné de musique.
Son histoire est celle d’un Camerounais de Douala qui débarque en France en 1972 dans l’optique de suivre des études d’économie. Cependant, en fréquentant les lieux de musique dans la ville de Marseille où il s’est établi, il décide de devenir photographe. Il commence à faire des photos, muni du petit Minolta que lui a offert le mari de sa tante. En effet, la passion de la photographie est née chez Bill Akwa Bétotè grâce au mari de sa tante, homme d’affaires, dont il admirait les clichés pris lors de ses déplacements. C’est ce dernier lui offre un appareil photo qu’il a gardé précieusement.
Passionné, il a décidé de devenir l’œil qui devait immortaliser l’évolution des musiques d’Afrique et du monde. C’est ainsi qu’il va travailler pour plusieurs médias de presse dédiés à l’Afrique et à la musique. Un véritable chasseur d’images. Ses clichés sont publiés dans : Jeune Afrique , Bingo Aminata, Muziki Magazine, Libération, Le Nouvel Observateur, le Matin de Paris, Le Monde, Cosmopolitan etc.
Pour réaliser fidèlement sa mission, il a assisté tout au long de son immense carrière à plus de 30 000 concerts, crayon et boîtier photographique aux aguets. Il laisse un nombre incalculable de clichés qui racontent suffisamment l’histoire des musiques d’Afrique sur près de cinq décennies. C’est au cours des années 1980 que les musiques ont fédéré les identités negroafricaines. Cela lui a ouvert les yeux et les oreilles quant à la diaspora.
Il était le photographe attitré des artistes africains en général et camerounais en particulier pendant les années 70- 80. C’était lui qui réalisait des photos pour leurs dossiers de presse, leurs albums.
Son nom apparaît sur la majorité des albums enregistrés sur la place parisienne au cours de ces années-là.
Une diversité de genres, de styles et même de personnes transparaît dans ses photos. Il a été présent au bon endroit pour immortaliser les moments clés de l’histoire. C’est lui qui a immortalisé en photos le premier concert de Salif Keita en France (dans la salle de spectacle de Montreuil). Nous lui devons aussi des clichés rares de Manu Dibango, Fela, Mory Kanté, Fela, Miriam Makeba, Touré Kunda, Franco, Ray Lema, Myriam Makeba etc
Bill Akwa Bétoté c’était aussi un homme des expositions; il a organisé une pléthore d’expositions thématiques diversifiées, originales mais aussi surprenantes. Nous lui devons par exemple les expositions : « Mélodies de femmes », « Les femmes dans les musiques du monde »,« Paris 80 – Pulsations » .
Bill Akwa Bétoté a été terrassé par un cancer en octobre 2020. Son départ est une grande perte pour l’Afrique et le monde de la photo. Avec son départ, c’est carrément une bibliothèque qui a brûlé.
Bill Akwa Bétoté était un grand monsieur, au sens propre comme au sens figuré. Avec une taille avoisinant les 2 mètres, il laisse une œuvre immense.
Quels souvenirs gardez-vous de lui?
Source: Arol KETCH –