Biographie de Manu Dibango, saxophoniste camerounais décédé des suites du Covid-19

La légende de la chanson camerounaise, Emmanuel N’Djoké Dibango, plus connu sous le nom de Manu Dibango, est décédé le 24 mars 2020, des suites du coronavirus, a appris lebledparle.com des sources familiales.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux par ses proches, on peut lire : « chers parents, chers amis, chers fans, une voix s’élève au lointain… C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du covid 19 ».

Au moment où le monde entier pleure l’illustre disparu, lebledparle.com vous propose ci-dessous, la biographie de

Manu Dibango est né à Douala de parents protestants, Michel Manfred N’Djoké Dibango, père fonctionnaire issu de l’ethnie Yabassi et d’une mère couturière à la maison, issue de l’ethnie Douala. C’est dans la chorale du temple, dont sa mère est occasionnellement professeur, qu’il est initié au chant, tandis que le gramophone parental lui fait découvrir surtout la musique française, américaine et cubaine, les marins de ces pays débarquant dans le port de Douala avec leurs disques.

Sa scolarité commence par l’école du village et se poursuit à « l’école des blancs », où il obtient son certificat d’études. Son père l’envoie poursuivre ses études en France.

Au printemps 1949, il débarque à Marseille, où il est accueilli par son « correspondant » M. Chevallier, sévère instituteur de Saint-Calais. C’est dans la famille d’accueil de cette commune de Sarthe qu’il passe son adolescence et découvre la culture française. Son autobiographie Trois kilos de café rappellent qu’il est arrivé avec dans son sac 3 kilos de café, denrée rare et chère à cette époque, pour payer ses premiers mois de pension.

Ensuite, étudiant à Chartres, puis à Château-Thierry au début des années 1950, il y découvre le jazz, joue de la mandoline et y apprend le piano. Lors d’un séjour dans un centre de colonie réservé aux enfants camerounais résidents en France à Saint-Hilaire-du-Harcouët7, il découvre le saxophone emprunté à son ami Moyébé Ndédi et y rencontre Francis Bebey. Ce dernier lui apprend les bases du jazz et ils forment un petit groupe jouant de cette musique ; mais c’est à Reims, où il prépare le baccalauréat philo, qu’il s’initie au saxophone et commence à se produire dans les « boîtes » et les bals de campagne, au grand dam de son père, qui lui coupe les vivres en 1956, lorsqu’il échoue à la seconde partie du baccalauréat.

Différents contrats le mènent à la fin de l’année 1956 en Belgique, où il joue dans des orchestres dans des clubs privés, des cabarets : à Bruxelles, où il fait la connaissance d’une artiste peintre et mannequin (Marie-Josée dite Coco qu’il épouse en 1957), à Anvers et à Charleroi, où son jazz s’africanise au contact du milieu congolais dans l’ambiance de l’accession du Congo belge à l’indépendance en 1960.

Il est notamment chef d’orchestre dans la boîte bruxelloise les Anges Noirs, que les politiciens et intellectuels congolais, en pleine négociation pour l’indépendance de leur pays, fréquentent. C’est là qu’il rencontre Grand Kalle, qui l’engage dans son orchestre. Ils enregistrent plusieurs disques, qui remportent le succès en Afrique (notamment Indépendance Cha Cha au Congo Léopoldville) et les amènent pour une tournée au Congo Léopoldville en août 1961. Le couple Dibango prend parallèlement en gérance l’Afro-Negro à Léopoldville, où Manu lance le twist en 1962 avec le titre Twist A Léo. En 1963, à la demande de son père, il ouvre son propre club au Cameroun, le Tam Tam, qui se révèle un échec financier à cause du couvre-feu imposé pendant la guerre civile si bien qu’il revient en France en 1965.

En 1967, Manu Dibango trône à la tête de son premier Big band. Il crée et développe son style musical, novateur et urbain et découvre le rhythm and blues. Il participe à une série d’émissions télévisées intitulée Pulsations, dont le producteur est Gésip Légitimus. Il est alors mis en relation avec Dick Rivers et Nino Ferrer, vedettes de l’époque ayant aussi participé aux émissions de Légitimus.

Il joue de l’orgue Hammond pour Dick Rivers pendant six mois, puis est engagé par Nino Ferrer. Ce dernier le fait jouer de l’orgue, puis du saxophone quand il s’aperçoit qu’il sait jouer de cet instrument, avant de lui donner la direction de l’orchestre. En 1969, son album afrojazz Saxy Party produit chez Mercury (Philips), composé de reprises et de compositions personnelles, lui font renouer avec le succès.

En 1972, la face B d’un 45 tours, Soul Makossa, fait la conquête des États-Unis et lui vaut d’y faire une tournée. Ses accents africains passionnent les musiciens noirs d’Amérique.

Dans les années 1980, il accompagne notamment Serge Gainsbourg. En 1992, Yves Bigot (Fnac Music) lui propose d’enregistrer Wakafrika, un album de reprises des plus grands tubes africains avec la crème des artistes africains et des musiciens internationaux.

L’album, dont George Acogny assure la réalisation et Philippe Poustis la production exécutive, paraîtra dans le monde entier. Projet ambitieux de réunification musicale de l’Afrique, Manu revisite le patrimoine de la chanson en invitant les ténors Youssou N’dour sur Soul Makossa, King Sunny Adé sur Hi-Life, Salif Keïta, sur Emma, Angélique Kidjo et Papa Wemba, sur Ami Oh !, sans oublier Peter Gabriel, Sinéad O’Connor, Dominic Miller (guitariste de Sting) et Manu Katché (entre autres).

Le single Biko (avec Alex Brown, Peter Gabriel, Ladysmith Black Mambazo, Geoffrey Oryema et Sinéad O’Connor) sera remixé à Atlanta par Brendan O’Brien.

En 1997, Dibango crée le Festival Soirs au Village (titre d’une de ses chansons) dans la ville qui l’a accueillie, Saint-Calais. Ce festival a lieu tous les ans depuis.

En 2001, il est invité par Werrason pour une collaboration dans une chanson Croix-Rouge humanitaire dans l’album Kibwisa Mpimpa avec la chanteuse Nathalie Makoma.

En 2000, le chanteur guadeloupéen Luc Léandry l’invite sur le titre Bondié bon extrait de son album Peace and love.

En 2007, Manu Dibango est le parrain officiel de la vingtième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) du 24 février au 3 mars.

Le 3 février 2009, Manu Dibango décide d’attaquer en justice, les maisons de disques de Michael Jackson et de Rihanna (Sony BMG, Warner et EMI) pour avoir utilisé sans autorisation le thème de Soul Makossa. Le tribunal avait donné son verdict le 17 février 2009 en déboutant sur la forme, le chanteur camerounais. Finalement la procédure se solde par un arrangement financier à l’amiable.

Le 8 septembre 2015, la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean, nomme Manu Dibango Grand Témoin de la Francophonie aux Jeux olympiques et paralympiques de Rio 2016.

Le 2 juillet 2016, il passe en vedette au premier Jazz Festival de Port-Barcarès.

Il meurt le 24 mars 2020, à Paris, après avoir été contaminé au Covid-19 Sa famille indique qu’un hommage lui sera rendu après la période de confinement.

Vie privée

Manu Dibango a deux fils, Michel, James (artiste et musicien connu sous le nom de James BKS) et deux filles, Marva et Georgia.

Discographie partielle

1969 : Saxy Party

1971 : Manu Dibango

1972 : O Boso

1972 : Soul Makossa

1973 : Makossa Man

1973 : Africadelic (AMI Records)

1974 : Super Kumba

1976 : Manu 76

1977 : L’Herbe Sauvage

1977 : Ceddo

1977 : Le prix de la liberté

1978 : Afro vision

1979 : Gone Clear

1981 : Ambassador

1982 : Waka Juju

Source: lebledparle.com

Facebook Comments Box
Share Button