Voici un autre génie que l’oubli veut arracher de nos mémoires rabougries. Une icône de la musique camerounaise qui n’a pas été reconnue et honorée à sa juste valeur. Il est le tout premier artiste camerounais à se produire sur scène à l’Olympia à Paris. C’était le 12 avril 1969 et il accompagnait le célèbre Gilbert BECAUD, grande vedette de la chanson camerounaise. Il est avec Guillaume Mouni, il est l’un des premiers à chanter le Merengue et le Makossa en langues bamiléké. Il est assurément l’un des plus grands compositeurs de la musique camerounaise.
Il a composé pour plusieurs icônes de la musique camerounaise et a été repris par plusieurs autres.
La chanson à succès de Henry Njoh “la controverse de la vie” est en réalité une de ses compositions. Le titre “Mami” du bassiste Jean Dikoto Mandengué est aussi l’une de ses compositions. C’est aussi lui qui a composé le trépignant “Rikatou” pour Sam Fan Thomas; il est l’auteur compositeur du titre “ Na meya” repris avec succès par Bébé Manga et Tom Yom’s; il a composé le titre “Émancipée Mariama” pour Isidore TAMWO. Gérard Djoumbissie a aussi composé une pléthore de chansons pour le groupe Zangalewa ( ancien golden sounds).
Gérard Djoumbissie était le symbole même de l’intégration nationale, il a embrassé la majorité des rythmes camerounais et chantait couramment en duala, pidjin et en plusieurs langues bamiléké.
Son histoire est aussi celle d’un jeune homme qui a quitté très tôt son pays dans l’intention d’avoir une vie meilleure.
Il est membre de la Saint Martin chorale de la mission catholique de Nkongsamba de 1957 à 1960. En 1964, il est à peine âgé de 19 ans lorsqu’il décide de se lancer dans une carrière musicale à Douala. Fraîchement débarqué dans la ville, il se rapproche de Radio Douala et participe au programme dominical de variétés » Le Club des Décagénaires « . Son génie séduit et il est la nouvelle révélation du programme. Il va par la suite enregistrer son premier album “YOLÉLA” aux éditions Africambiance.
Animé par le goût de l’aventure, il prend sa guitare et va en aventure. De 1967 à 1968, il sillonne l’Afrique à pieds, en autostop et en pirogue. Ruiné en chemin, il vend sa précieuse guitare pour survivre. Son périple le conduit en France où il se perfectionne au chant et à la composition. Il compose de nombreuses chansons dont son titre phare “ Ma mère m’écrit”. Cette chanson est la complainte d’un jeune homme qui a quitté sa famille et ses amis pour aller en aventure et puis soudain, sa mère lui écrit pour dire que tous ses copains ont déjà leurs situations. Gérard regrette très fort pour sa mère de ne pas être ingénieur pour plaire à cette dernière parce qu’il a choisi la voie de la chanson.
Il est décédé le 11 décembre 2012 des suites d’un AVC. Ils nous laissent des titres comme : Yoléla , Ma mère m’ écrit , Malika, Nuyamadjah , Kuetala, paahpok-juessíé , Mapoo, Na méa, Controverse de la vie, Trois sous, Cotibanga…
Quelle est votre chanson préférée de Gérard Djoumbissie?
Quels souvenirs et anecdotes gardez-vous de lui?
Arol KETCH – 01.04.2021