Les cabarets et les bars étaient également les lieux par excellence de la vulgarisation de la musique camerounaise. Après des journées de dur labeur, hommes et femmes venaient décompresser et se désaltérer en écoutant, en dansant sur de la bonne musique jouée en live par un orchestre généralement chevronné.
Ces lieux de réjouissance vont même devenir de véritables laboratoires où les jeunes musiciens venaient perfectionner leur talent, faire connaître leurs compositions, développer leur popularité, bref, émuler et éclore.
Voici quelques bars ou cabarets qui ont marqué la musique Camerounaise.
→ Le Flambeau Bar (Douala)
C’est dans ce bar qu’est né le mot “Makossa”.
En 1960, Néllé Eyoum jouait dans un bar au quartier Bonélékè qu’on
appelait à l’époque flambeau bar et à l’angle de ce bar était installé
un électronicien qui réparait des appareils électroniques (radios etc.).
C’était un togolais qui avait épousé une camerounaise.
Ce monsieur maltraitait tellement sa femme qu’un jour, cette dernière est venue voir Néllé Eyoum pour lui expliquer ce qu’elle endurait dans son foyer et surtout pour lui demander d’écrire une chanson pour raconter son histoire. C’est ainsi que la chanson « Mot’a Ogono asi ma nanga ndabo » (signifiant l’homme d’Ogono ne dort pas à la maison). Dans cette chanson, on parle de Basile [Diba la basile] ; du prénom du mari de cette femme.Néllé Eyoum et son groupe ont commencé à jouer cette chanson et cette dernière a conquis le public parce que l’histoire qu’elle raconte est très touchante.
Tous les soirs, les clients du flambeau bar réclamaient avec insistance cette chanson. Et pendant que les danseurs se trémoussaient, Nellé Eyoum pour encourager les danseurs, ponctuait tout cela en lançant régulièrement Kossa ! Kossa ! Kossa ! Alors, le mot « Kossa » est devenu un élément central de cette chanson si bien que le public qui réclamait cette chanson disait à présent : « Néllé Eyoum, joue-nous nos « Ma-kossa »
→ La Jungle (Douala)
La jungle était le cabaret le plus connu de Douala à une certaine époque. Il accueillait les personnalités les plus huppées et nanties du pays.
→ Le mont Cameroun Bar ( Douala)
C’est un bar qui a vu défiler plusieurs pionniers de la musique Camerounaise. Dans ce groupe se produisait un groupe mythique appelé “Ewa Ewa”.
→ Davum bar et Mermoz Bar (Douala)
C’est au Davum Bar qu’a été créé le groupe les black styls par Nkotti François. Le groupe Los Calvinos varavir la vedette aux Black Styls et s’y établir pendant un moment.Quelques temps après, le patron du cercle davum de la jeunesse rencontre des problèmes avec Los Calvinos et vient chercher Nkotti et son équipe qui jouaient déjà à Oryx bar. Il leur fait une proposition alléchante.
Le groupe est alors composé de Nkotti François au chant, Toto Guillaume à la guitare solo, Essombè Enyawé Antoine à la batterie, Emile Kangué à la basse. Pendant plus d’une décennie, le groupe règnera en maître sur Douala et ses environs. Le groupe se produit dans presque tous les grands bars et cabarets de Douala : Mont Cameroun, Joie d’été, Oryx, Pachengo, Mermoz Bar etc. C’est d’ailleurs au Mermoz bar que le groupe obtint en 1979 le contrat pour faire une tournée en France. Le promoteur de la tournée se nommait Alexandre Ebonock.
→ Oryx Bar (Douala)
Lorsque les Black Styls vont quitter le Davum Bar, ils vont s’établir à Oryx Bar.
→ Le Philanthrope ( Yaoundé)
Célèbre cabaret du quartier Mvog Ada, à Yaoundé qui a vu défiler toutes plus grosses pointures de la musique camerounaise de ces années là. Tous les grands musiciens de la ville de yaoundé y ont fait leurs classes : Mekongo Président, Moustick Ambassa, Ambroise Voundi, Vincent Nguini, Belinga Ben’s, Mbida Douglass , Justin Bowen etc.
→ Moulin Rouge (Yaoundé)
Le Moulin Rouge est l’ancien “Philanthrope”. Mekongo Président a été chef d’orchestre de ce cabaret.
→ Colombey-les deux-églises et Mango Bar ( Yaoundé)
Le groupe « Los Camaroes » est né à Maroua et s’est installé par la suite à Yaoundé dans le quartier populaire Elig-Effa où il animait le cabaret « Mango Bar ».
Elanga Maurice appelait « Elamo » a été à un moment donné le principal rival de Messi Martin, dans ce quartier d’Elig-Effa où ils s’installent l’un et l’autre, dans deux cabarets qui se faisaient face, comme dans un défi. Mango bar pour Messi et Colombey-les deux-églises pour Elamo.
→ Club Los (Yaoundé)
Lorsque Messi Martin quitte Mango Bar pour venir s’installer au
quartier Olezoa, c’est le début d’une longue traversée du désert qui
s’achèvera en 1979 lorsque Atangana Essomba crée le Club Los au
quartier Nkoldongo dans l’optique de rééditer l’exploit d’Elig-Effa et y
installe l’orchestre Los Camaroes .
Orchestre composé à l’époque
de Messi Martin, Jean Gabari à la guitare rythmique, Dodo Eitel à la
guitare solo, Sala Bekono, Johnny Cosmos (René Ahanda) et Jean-Marie
Ngouamba aux chants, Ojuku aux tumbas et Ringo à la batterie.
→ Escalier Bar (Yaoundé)
Ce bar fut le temple de Ndo Clément.
Suite à la scission du groupe les Titans de Sangmélima, Ndo Clément
perd la main mise sur escalier bar qui passe entre les mains de ses
anciens compagnons, désormais Les vétérans. Ainsi donc, non seulement
Ndo Clément perd presque tous ses éléments en plus, les Titans de
Sangmelima cesse d’être l’orchestre maison à Escalier bar.
→ Pezzena Bar
Ce bar situé au quartier Madagascar a vu passer plusieurs icônes de la musique Camerounaise dont Tchana Pierre par exemple.
→ Autres bars et cabarets mythiques de Douala : Joie d’été, Mongo river, Akwa Club, le Domino etc.
→ Autres bars et cabarets mythiques de Yaoundé : Chacal bar, Liberté bar (Mvog-ada), artisan bar, Black and White etc.
La liste n’est pas exhaustive, complétez-là !
Source: Arol KETCH – 17.06.2020