Aujourd’hui, je vais rendre hommage à un de mes tontons auprès de qui j’ai beaucoup appris. Il m’appelle “mon fils” et je l’appelle “papa”.
Simple, humble et très ouvert, il est toujours à l’écoute pour partager son expérience avec les plus jeunes. Voici un génie qui n’est pas reconnu à sa juste valeur et dont les oeuvres ne sont pas assez valorisées.
Il est certainement l’un des plus brillants guitaristes qu’a connu le Cameroun; un véritable talent à l’état brut. Musicien complet, il est à la fois excellent guitariste et bassiste hors pairs. Artiste très éclectique, il est ouvert à toutes les influences musicales. il joue aussi bien du Bikutsi, du Makossa, de l’Assiko, du Bend-Skin, du Bol etc. Requin des studios très sollicité, il a posé son doigté magique sur plusieurs succès de la musique camerounaise, tout rythme confondu. Pour vous en convaincre, savourez son génie dans le sublime Makossa “Ebwan Na Bila” de Joe Mboulé, laissez vous entraîner par son jeu de guitare dans l’Assiko envoûtant “Petit Papa” de Samson Chaud Gars, trépignez au rythme de l’orchestration qu’il distille sur le titre Bikutsi “Nge Me Nga Yem” de Georges Seba, trémoussez vous sensuellement sur la cadence de sa guitare basse dans un “bol” succulent “Le Message” de Georges Anderson.
Moustick Ambassa est le synonyme même du mot “autodidacte”. Il est toujours en train d’apprendre et de se mettre à jour pour s’adapter à l’ère du temps. La preuve, à bientôt 67 ans révolu, il est toujours en activité.
De son vrai nom Constantin Abel Ambassa, Moustick Ambassa est né le 18 Octobre 1953. Constantin Abel Ambassa a un parcours scolaire assez atypique. Très jeune, il souhaitait devenir poète, il était persuadé que c’était un bon métier. Malheureusement, il va arrêter ses études en classe de première au grand dam de son père qui voulait faire de lui un ingénieur des ponts et chaussées car le jeune garçon avait un très bon niveau en Mathématiques. Le fait d’être bon mathématicien va lui permettre des années plus tard de mieux comprendre les intervalles et ainsi que les lois sur les harmonies en musique.
Il vient à la musique par admiration pour un aîné au nom de Moungam Martin qui est le petit frère de feu Daniel Zock A Mbassa journaliste speaker à la CRTV.
En effet, Moustick Ambassa va apprendre la musique tout simplement en le regardant à l’oeuvre. Moustick, était obnubilé par les sons de guitare et par les quelques chansons que Moungam Martin arrivait à jouer sur cet instrument. Des chansons de l’époque comme : C’est une poupée qui fait non non non de Michel Polnareff et une autre du chanteur Antoine.
Constantin va commencer par la suite à côtoyer d’autres musiciens pour apprendre les accords ainsi que des chansons. Moustick Ambassa est un autodidacte parfait en musique. Il avait compris que pour être un bon musicien il fallait tout simplement être doué et sérieux dans sa recherche de connaissance et du savoir.
En plus d’être un excellent guitariste, il est aussi un bassiste hors pairs. Ce qui est très rare en général. Moustick explique cela par le fait d’avoir dans sa vie de musicien croisé le chemin d’autres aînés tel que Ndema Abassi Eugène qui eut donc à le diriger vers cet instrument qui lui paraissait plus simple à comprendre.
Après Ndema Abassi Eugène, il eut aussi Petit Njoh Kool Bass (Ebongué Jean Claude de son vrai nom ) et puis, vint donc Nguini Ngongo Obama Vincent. C’est Vincent Nguini le véritable mentor de Moustick Ambassa dans la musique, c’est lui qui le permit de tout comprendre dans la musique.
Moustick Ambassa va par la suite évoluer au sein de plusieurs grands orchestres.Habité par le désir de progresser, il se met résolument au travail car à cette époque, il fallait apprendre à exécuter toutes les musiques que certains aînés ramenaient de l’extérieur du pays (funky, Rock, Rythm, Disco, Blues, Jazz, Reggae etc). Il fallait maîtriser tous les classiques.
Le surnom “Moustick” qui lui colle désormais à la peau, il l’a obtenu à l’époque où il excellait au sein des orchestres. Il fut surnommé ainsi parce qu’ il était tout petit, frêle et aussi parce qu’il affectionnait les sons distordus. Il a côtoyé plusieurs artistes de renom. Il a côtoyé le Congolais Sam Mangwana, le Béninois Nel Oliver, l’Ivoirien François Lougah,Eko Roosevelt, Manu Dibango (qu’il a accompagné dès 1976 à l’ancienne Présidence de la République du Cameroun) , le gabonais Oliver Ngoma (avec qui il a été en tournée en Angola).
Au Cameroun, il a travaillé avec plusieurs artistes et musiciens Camerounais allant de Joe Mboule,Marthe Zambo,Lapiro de Mbanga, Georges Seba, Mbida Douglas, Minsy Serge, Jean Bikoko Aladin, Samson Chaud Gars, Marc Nkodo, Mballa Bony, Georges Dickson ,Ekambi Brillant avec qui il a monté la première équipe des EB’S.
En ce qui concerne les
instrumentistes, il a travaillé avec Aladji Touré, Vicky Edimo, Gilbert
Edimo,Guy Nsangué Akwa, Étienne Mbappé, Jeannot Dikoto Mandengue, Gros
Ngolle Pokossi,Justin Bowen Tchounou; les jeunes : Marcien Oyono,Alain
Rodrigue Oyono,Mayo Gabriel le défunt ,Eloundou Paul Sébastien ,Vincent
Effila ,Vincent Malyk
La liste est très longue.
Moustick est parti en France après avoir travaillé en Grèce sur l’île de Rhodes en 77/78.
Il a fait deux albums et un 45 tours géant avec Brésil Express. Il a surtout été dans l’écriture pour d’autres artistes et est requin de studio très sollicité. Difficile de dire exactement le nombre d’artistes pour qui il a joué. Toujours est -il que ce nombre est s’évalue en centaines.
Symbole de l’intégration nationale il a joué tous les rythmes du Cameroun et a même chanté en des langues différentes de sa langue maternelle. A titre d’exemple, son titre “doudou” est un makossa chanté à Douala. Il jouait déjà du Makossa au cabaret “Le Philanthrope”. Son album “Doudou” était un clin d’oeil à un pionnier de la musique Camerounaise : Nelle Eyoum, l’un des pères fondateurs du Makossa. Notons que Moustick Ambassa a aussi été membre éphémère de la fameuse équipe nationale du Makossa comme guitariste bassiste. Le nom de Moustick Ambassa est très souvent cité dans les chansons Assiko de Samson Chaud Gars. En effet, Moustick était très proche de Samson Chaud Gars; les deux hommes se respectaient et s’appréciaient.
Moustick Ambassa est aujourd’hui installé au Gabon où il continue à faire de la musique. il est l’un des musiciens, ingénieurs de son et arrangeurs les plus respectés et sollicités au Gabon où il a travaillé avec les plus grands.
Il est installé en terre gabonaise depuis 1985. Il lui arrive de faire des séjours réguliers en France et au Cameroun. Au Gabon, il possède un studio d’enregistrement et il est à la pointe sur le plan technologique. Toutefois, il demeure de l’époque du Merengue, Makossa , Bikutsi ,Mangambeu mais avec cette notion de puriste.
Source: Arol KETCH – 03.07.2020