De son vrai nom Koué Dorothée, Rantamplan était la valeur montante du Bikutsi au début des années 90 mais aujourd’hui on tend à l’oublier. Et pourtant, Rantamplan a considérablement marqué les années 90 et a inspiré a fortement inspiré et influencé la légion féminine actuelle du Bikutsi : Lady Ponce, Mani Bella, Coco argentée, Majoie Ayi.
Très peu de personnes le savent, c’est rantamplan qui a initié K-Tino « la femme du peuple » à la danse. Rantamplan est originaire de la Région Est du Cameroun (Messamena)et est une excellente danseuse. Elle a enrichi le Bikutsi des danses traditionnelles de chez elle. Notamment son fameux jeu de reins. Rantamplan va approcher K-tino dans le bar où celle-ci chantait pour lui suggérer de se mettre aussi à la danse. Rantamplan va lui proposer de répéter avec elle et va lui enseigner quelques pas de danse. C’est ainsi que K-Tino va prendre goût à la danse.
Rantamplan a été une danseuse et choriste de Nkodo Si Tony. C’est d’ailleurs à côté de celui-ci qu’elle gagne le surnom « Rantamplan ». En effet, elle s’entendait tellement bien sur scène avec Nkodo Si Tony que les musiciens vont les surnommer Lucky Luke et Rantamplan ( Dessin animé Lucky luke et les daltons). Et le surnom va rester et devenir son nom de scène.
C’est l’arrangeur et ingénieur de son Mystic-Djim qui lui met le pied à l’étrier et lui permet d’enregistrer pour la première fois. En deux jours, elle enregistre le fameux album « Ezezek » de quatre titres. L’album est bien accueilli. Succès total.
En effet, le légendaire studio mobile de celui qu’on surnommait Mystic Djim a révolutionné les canons de l’enregistrement et de la production musicale au Cameroun. Mystic Djim de son vrai nom Clément Djimogne est un personnage atypique, un artiste complet et pluriel qui a marqué considérablement de son empreinte l’univers musical Camerounais. Il a notamment largement contribué à la popularisation du Bikutsi. On doit à son légendaire studio mobile : N’nom Wom de Zélé Le Bombardier, Femme Cocue de Biba Bifana ou encore Thermomètre de K-tino. Clément Djimogne a travaillé avec plusieurs artistes Bikutsi : Atebass, Les Daltons, Rantamplan, Owona Anderson, Zangalewa, Mbarga Soukous, Sala Bekono, Tino Baroza, Gilbratar Drakus, Ebogo Emérent et plus récemment Patou Bass.
Rantanplan c’est aussi son fameux perroquet. On la voyait souvent accompagné de son perroquet ; même dans certains clips, le perroquet apparaît. Les mauvaises langues faire circuler la rumeur selon laquelle la carrière de Rantamplan aurait périclité depuis que son perroquet a disparu. En réalité, il n’en est rien.
Rantamplan a ouvert la voix à plusieurs jeunes artistes. Elle est l’une des premières artistes à démontrer qu’on peut être à la fois, excellente chanteuse et excellente danseuse. Aujourd’hui, on constate que ce sont les femmes qui tiennent la cadence dans le bikutsi ; ce n’est qu’un retour aux origines. En réalité, le Bikutsi originel est l’œuvre des femmes.
Pratiqué à l’origine lors des rituels de guérison béti, il est devenu au
fil du temps un rythme populaire au Cameroun. Le Bikutsi était pratiqué
par les femmes lors des rites destinés à guérir les maux et maladies,
calmer la douleur après la perte d’un être cher ou encore soulager les
souffrances. Assises sur de petits tabourets, les femmes chantaient et
frappaient de petits hochets ou des lamelles de bambous. Le mot «
Bikutsi » signifie en Ewondo- Beti « taper les pieds au sol », «
trépigner ». Le Bikutsi est en réalité à l’origine l’expression d’une
révolte ; il est né en réaction, à une organisation socioculturelle fondamentalement patriarcale et phallocratique.
Hommage à toi Rantamplan. J’en profite aussi pour avoir une pensée pour
la défunte chanteuse de Bikutsi Charlotte Alogo, autre valeur montante
du Bikutsi des années 90.
Arol KETCH – 29.01.2020