Elle est certainement l’une des artistes Camerounaises les plus sous-cotés, un talent qui n’est pas reconnu à sa juste valeur et pourtant, elle mérite amplement d’être hissée au sommet et de connaitre la gloire.
Reniss a récemment mis sur le marché l’album « NZO » ; une véritable tuerie. On peut aisément affirmer que Reniss a trouvé son couloir et a atteint l’apogée de son art. Une étoile est née. Le titre « Commando » de cet album est un véritable délice. Alors que certains jeunes chanteurs de la musique urbaine ont osé affirmer que « le Makossa est mort » ; Reniss les fait mentir en allant puiser son inspiration dans le Makossa originel. « Commando » de Reniss est la plus belle chanson camerounaise que j’ai écoutée en 2020 ; on y trouve tous les ingrédients d’une chanson réussie. Tout y est : l’orchestration, les paroles, l’originalité, la réalisation. A nous à présent de porter cette vers les cimes du succès.
Au-delà du titre « Commando », plusieurs autres titres se démarquent dans cet album : « Nyama Nyama », « Njangui », « Mbeng le feu sort », « On dit quoi », « Kwassa Kwassa », « Harambee », « Raw Money », « Zaman Sarki » etc.
Cet album est panafricain. Chaque africain y trouvera son compte. Par moment Reniss chante en Swahili, on y retrouve aussi de la bonne rumba, on peut aussi se trémousser sur du bon kwassa-Kwassa, on se laisse emporter par des airs de bottle dance, on se laisse aisément transporter sur des rythmes d’Afrique de l’Est, on y savoure aussi de la Kora des griots d’Afrique de l’Ouest, l’afrobeat aussi joue sa partition dans cet album etc.
Dans le titre « Harambee », Reniss exprime clairement son ouverture musicale, son attachement à tout le continent africain et cite notamment un certain nombre de pays : Congo, Ghana, Nigeria, Kenya, Mali, Lybie, Afrique du Sud etc. « Harambee » est un mot qui a été propulsé par le Kenyan Jomo Kenyatta. « Harambee » signifie littéralement « tous ensemble » en swahili, et est également la devise officielle du Kenya et apparaît sur ses armoiries. Reniss appelle donc les africains à être unis, à travailler ensemble. Dans le titre « Miracle », elle n’hésite pas à louer son Dieu, lui qui « est bon ».
Les titres « Mbeng le feu sort » et « On dit quoi » nous font trépigner au rythme du bon Bikutsi.
A travers cet album, elle a fait exactement ce qu’on attend de la jeunesse africaine : réaliser un savant dosage entre tradition et modernité. Saluons aussi sa parfaite maitrise de plusieurs langues qu’elle n’hésite pas de convoquer en chanson. Reniss a réussi son saut qualitatif dans le passé, elle a fait un voyage réussi à travers le temps ; elle emprunte ici les pas du jeune nigérian Burna Boy qui exprime son amour pour l’afrobeats en reprenant en version modernisée des titres à succès du grand Fela Kuti.
Mais qui est Reniss ?
Cette jeune femme née en 1988, s’est révélée en 2016 avec son titre « dans la sauce » qui a fait danser de nombreux Camerounais. Mais, Reniss et la musique c’est une histoire d’amour qui date de très longtemps. Celle qui a fait ses premiers pas dans la musique à travers les chorales religieuses est la protégée de JOVI le monstre depuis près de 10 ans. C’est ensemble qu’ils ont réalisé l’album HIV (en 2012) et l’EP AfriKan Luv (2013). Elle a crevé l’écran en 2014 à travers sa participation à la chanson et la vidéo de B. A. S. T. A. R. D du Rappeur Jovi. 2016 est pour elle l’année de la consécration avec le titre « Dans la sauce ». En réalité « Dans la sauce » est extrait de l’album « Tendon ». Un album très riche dont les autres titres ont été occultés par le titre « Dans la sauce ». Les autres titres de cet album n’ont pas connu le succès qu’ils méritaient. A travers cet album, Reniss a clairement tracé sa voie. Elle opère un syncrétisme parfait entre les rythmes traditionnels camerounais et ce qu’on appelle aujourd’hui « Musique urbaine ».
Le titre « Manamüh » de cet album est un véritable délice. Un air de bend-skin bien cadencé et rehaussé à travers des sonorités de « Bottle Dance ». Dans cet album plusieurs autres titres devraient retenir l’attention : Dashiki, Feel Like, More, Michael Jackson, I’m Ready, Half etc.
Mention spéciale pour le titre « Wusai », une véritable galette musicale à dévorer sans modération. L’orchestration est entrainante et originale. La collaboration avec Jovi et Pascal donne une autre dimension à ce titre.
L’album « Tendon » est un savant dosage de plusieurs influences musicales africaines : Bend-Skin, Makossa, Bikutsi, Bottle Dance, Njang etc. Dans cet album, Reniss a réussi à marier parfaitement les « rythmes camerounais » avec la « musique urbaine ».
Ce qui frappe d’emblée chez Reniss, c’est son ouverture musicale. Elle n’hésite pas à sortir de sa zone de confort pour explorer d’autres univers. Très ancrée dans les traditions africaines, Reniss a à cœur de valoriser les cultures, les rythmes africains et même les icônes de la musique africaine. N’a-t-elle pas réalisé un album entier dédié à quelques grandes voix de la chanson africaine ? C’est le fameux EP « Renis Chante les classiques ». EP dans lequel elle reprend avec perfections des titres de la camerounaise Bébé Manga, le togolaise Bella Bellow, l’ivoirienne Monique Séka, la Cap-verdienne Césaria Evoria.
Nous remercions JOVI, le monstre pour ce génie qu’il a façonné et fait éclore.
J’ai écouté l’album « Nzo » de Reniss et je vous le recommande.
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Arol KETCH – 01.08.2020
Fourmi Magnan égarée