Quel métier ingrat que celui de musicien. On écoute les chansons, on danse, on couvre d’honneur le chanteur principal mais très souvent on oublie les musiciens, ceux-là qui donnent la bonne symphonie, ceux-là qui donnent la splendeur au rythme. Au mieux, les mélomanes liront leurs noms sur la pochette de l’album mais très souvent, on aura de la peine à mettre un visage sur les noms de ceux-ci. Il serait peut-être temps de mettre en lumière ces hommes de l’ombre.
Roger Kom Kameni fait partie de ses musiciens oubliés qui ont donné ses lettres de noblesse à la musique Camerounaise. « Kako » comme l’appellent affectueusement les initiés a été membre de la section cuivre de l’équipe nationale du Makossa comme tromboniste et trompettiste.
Roger Kom Kameni est musicien pluriel et éclectique, il est à la fois auteur -compositeur, chanteur arrangeur, saxophoniste, tromboniste, guitariste.
Roger Kom se passionne très tôt pour les instruments à vent ; il a à peine 10 ans lorsqu’il fabrique sa première flûte en roseau. Il a à cœur de devenir saxophoniste. Elève au collège des frères canadiens à Douala, il a enfin l’occasion de toucher l’instrument de ses rêves : un saxophone. C’est le coup de foudre ; le jeune garçon de 14 ans est aux anges. Très précoce, il va faire ses premières classes dans le groupe les Black Sound’s de Manu Dibango. A l’âge de 19 ans, il est le plus jeune saxophoniste camerounais à jouer avec le grand maître de l’afro-beat Fela Anikulapo Kuti et son batteur Tony Allen lors de leur tournée au Cameroun.
Soucieux d’apprendre et découvrir le monde ; en 1975, il décide d’aller au Gabon où il va côtoyer pendant 4 ans les pionniers de la musique moderne gabonaise. Animé par sa soif d’apprendre, il s’envole pour la France dans l’optique d’étudier le Jazz. A paris, il retrouve Manu Dibango qui l’intègre dans son groupe mais parallèlement, Kako devient un requin des studios et participe aux enregistrements pour plusieurs artistes africains en vogue à cette époque (Youssou Ndour, Tohon Stanislas etc.).
On va aussi le retrouver aux côtés de la fameuse équipe nationale du Makossa en tant que membre de la section cuivre. Il maitrise pratiquement tout le monde des cuivres. Toutefois, la trompette et le trombone sont ses instruments de prédilection. Kako est incontestablement le capitaine de la section cuivre de l’équipe nationale du Makossa.
En 1983 il rejoint le groupe Ghetto Blaster composé d’ex-musiciens de Fela Kuti, Sonny Okosuns. Quelques mois plus tard, Roger Kom est sollicité par le groupe Abyssia pour la réalisation d’un 45T et d’un 33T. En 1988 il retrouve Tony Allen, le batteur de Fela Kuti et co-créateur de l’afro-beat, participe à l’enregistrement de l’album Afro-beat Express et l’accompagne dans de nombreuses tournées européennes.
Sur les conseils avisés de Tony Allen, Roger Kom monte sa propre formation. En 1994, il crée un groupe qu’il baptise « Good times ». Sur les conseils avisés de sa compagne qui avait constaté qu’il était l’homme qui faisait tout dans le groupe ; il rebaptise son groupe « Roger Kom ». Groupe avec lequel il réalise l’album Waka Waka en 1997. En 2004, paraît son album Je vais à Yaoundé ; plus tard en 2016 c’est la parution de son album Condré Tok.
Kameni Roger Kom maîtrise parfaitement tout le monde des cuivres. C’est un puriste de la musique qui ne supporte pas les raccourcis. C’est un spécialiste de l’afrobeat d’autant plus qu’il a longuement côtoyé les maitres du genre et joué aux côtés de ceux-ci.
Roger Kom a contribué à enrichir l’afrobeat en y apportant une fluidité rythmique et de nouvelles sonorités avec des rythmes come le mangambeu, le bend skin et les instruments tels que le tem djui, tem mbeng, le belap. Quoiqu’ouvert au monde, Roger Kom demeure viscéralement attaché à ses valeurs traditionnelles. Il apparait toujours avec une coiffe sur la tête aux motifs renvoyant à l’Afrique.
Mettez en commentaires les chansons camerounaises avec Roger Kom à la section cuivre !
Dr Arol KETCH – 08.12.2019
Fourmi Magnan égarée