Toto Guillaume – Elimbi Na Ngomo

Je suis en train de savourer le titre  » Elimbi Na Ngomo » du grand maître Toguy sur ma platine de Vinyles.

En 1986,  » Elimbi Na Ngomo » est consacrée chanson de l’année au Cameroun. Elimbi Na Ngomo littéralement  » le balafon et le tam-tam » . Toguy dit ceci dans ce titre « le balafon fait du bruit mais il sait que son frère utérin le tam-tam connait aussi la vie.

Dans cet album, j’affectionne aussi le titre  » Eh Oa ».
Le titre « Eh Oa » du « Nguila Nama » a l’allure d’une passe d’arme savamment distillée à l’endroit du bassiste Aladji Touré. Le refrain parle de lui-même : « Makossa sé to basse », ce qui veut dire littéralement « Le makossa ce n’est pas la basse ».
Dans « Eh Oa » ( héé Toi ! ), Toguy s ‘adresse et interpelle directement ici son ami Aladji Touré après une mésentente.

Musicien de talent et arrangeur de génie, il a posé ses griffes sur les meilleures créations musicales Makossa des années 1970-1990 qu’il a arrangées de ses doigts magiques. C’est le témoin de l’âge d’or du Makossa. Il a littéralement révolutionné le Makossa en y introduisant de nouveaux instruments tels que le violon.

Il fait des débuts tonitruants dans l’orchestre du collège de la salle de Douala. Il poursuit en rejoignant le mythique orchestre les « Blacks Styls ». C’est d’ailleurs lui qui donne ce nom à l’orchestre.

En 1973, une fille qu’il aimait avec vigueur et avec toute la fougue de l’adolescence lui fait comprendre que dans l’amour, il y a autre chose que les rêveries. Affecté par cette déception amoureuse, Toto Guillaume compose une chanson qui deviendra une chanson culte : « Na Bolone Ndol’a Ngo » (j’ai perdu ton amour) plus connue sous le titre « Françoise ». Ce succès national hisse les Blacks styls au sommet du Hitparade National.

1975 est l’année de l’explosion de son génie avec le titre « Mba na na é », grand succès par la suite repris sous une autre forme en 1981.

Il s’envole par la suite pour la France afin de se perfectionner. Il intègre le conservatoire de musique de Paris vers la fin des années 1970. Il y apprend la maîtrise de l’écriture musicale et les techniques occidentales de création et d’arrangement. Toto Guillaume a imprimé de sa touche spéciale tous les meilleurs disques Camerounais de Makosssa qu’il a enregistré de main de maître, ce qui fait de lui le maître, mieux le capitaine incontesté du Makossa. Lorsque parait le titre Some Pita, la radio nationale et une station étrangère parlent de lui comme étant « l’artiste camerounais le plus doué de sa génération ». Son 33 tours « Dibena » l’a même porté en tête du hit parade africain.

Toto Guillaume entretenait un rapport particulier avec sa mère. Ayant très tôt perdu son père, il a grandi dans des conditions de précarité mais couvert par l’immense amour de sa maman. Cette maman qu’il affectionne tant sera atteinte de troubles mentaux. À une époque où les psychiatres ne couraient pas les rues, les mauvaises langues ont vite fait de la qualifier de « folle ». Le jeune Toguy a beaucoup souffert de la maladie de sa maman ; l’être qu’il chérissait le plus au monde.

Il a composé Emenè Marie pour exprimer l’immensité de son amour pour sa mère. Cette mère qui, même malade était persécutée par toute une famille qui voulait précipiter sa fin.

La chanson dit littéralement ceci : « Toute votre famille s’est liguée contre elle, afin qu’elle devienne une errante/ Pas un seul d’entre vous pour s’y opposer/ Pour reconnaître son innocence/ Vous vous êtes tous associés pour la rendre malade/ Les années passent, et se succèdent les officines de traitement (dans le but de vaincre la maladie), mais jusqu’à présent, il n’y a aucun changement/ Nous n’attendons plus que la sentence/ Si c’est de sa mort dont il est question, que l’on nous permette de savoir, qu’enfin, ce rêve a pris fin/ J’ai encore besoin (d’elle), j’ai encore besoin (d’elle), je vous en prie, ayez pitié de moi, ayez pitié de moi… ».

Je brosse son portrait dans mon livre : « Les icônes de la musique camerounaise »
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Arol KETCH – 26/04/2020
Fourmi Magnan égarée

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